Comprendre et avancer : la recherche à l’Institut
Ces dernières années, des avancées considérables ont été réalisées (identification de nombreux gènes du chromosome 21 impliqués dans la cognition, potentielles cibles thérapeutiques pour de futurs traitements, meilleur dépistage et traitement des pathologies associées…) et de nouvelles pistes thérapeutiques sont à l’étude, en France et à l’étranger. A l’Institut, la recherche fait partie de notre ADN, au même titre que le soin et la formation. Etroitement liée à la consultation, elle est rendue possible par les patients et leurs familles qui y participent. Ce sont eux qui orientent la recherche, c’est avec eux et pour eux qu’elle est menée.
La recherche à l’Institut est centrée sur le patient, c’est une recherche clinique. Elle porte l’espoir de pouvoir un jour corriger la déficience intellectuelle, et s’articule autour de quatre axes principaux, à quatre niveaux différents :
1. Agir sur les causes de la déficience intellectuelle, en ciblant les gènes du chromosome surnuméraire
2. Agir sur les neurotransmetteurs du cerveau, pour pallier la déficience intellectuelle ou les troubles associés
3. Agir sur les facteurs aggravant la déficience intellectuelle, tels que les apnées du sommeil ou l’épilepsie. Un dépistage et une prise en charge précoces de ces troubles peuvent améliorer le développement cognitif de la personne.
4. Agir sur les autres pathologies associées à la trisomie 21 (maladie d’Alzheimer, cardiopathie…), en les prenant en charge le plus tôt possible, pour améliorer l’autonomie et la qualité de vie de la personne.
Tout cela suppose de mieux comprendre les causes et mécanismes de la déficience intellectuelle. Chaque projet que nous menons, quels que soient les résultats obtenus, vient accroitre cette connaissance et cette compréhension.
Les projets menés à l’Institut
En 2022, quinze programmes de recherche sont en cours, dont 10 en recherche clinique : 3 chez l’enfant, 4 chez l’adulte, et 3 pour tous. Les projets spécifiquement pour l’adulte ou l’enfant portent sur les différentes problématiques liées à chaque tranche d’âge.
Pour les plus jeunes, l’un des thèmes explorés est l’amélioration de la cognition à travers le dépistage et le traitement des apnées du sommeil (étude Respire 21). Chez le jeune adulte, les projets portent plutôt sur la prise en charge des comorbidités, qui peuvent altérer l’autonomie ou la cognition. Parmi eux, le projet GO-DS21, lancé en 2021 en collaboration avec plusieurs équipes européennes, étudie l’impact des facteurs environnementaux et génétiques sur le développement des personnes avec trisomie 21. Enfin, le thème majeur de la recherche chez l’adulte est la maladie d’Alzheimer, sur-exprimée dans la population porteuse de trisomie 21 (étudiée par le projet TriAL21 et par le consortium Horizon 21 dont nous sommes membres).
Cap sur 2023 !
L’année qui commence s’annonce pleine de projets pour le service recherche.
Du côté de l’enfant, les premiers résultats de l’étude Respire 21, démarrée en 2017, sont attendus dans l’année. Cette étude est prometteuse : elle a pour objectif de démontrer l’intérêt d’un dépistage et d’une prise en charge précoce des apnées du sommeil chez les nourrissons porteurs de trisomie 21.
Un nouveau projet baptisé Colibri démarrera également début 2023, et mettra en œuvre une nouvelle technique de génération de cellules, au CRB-BioJeL. Il permettra une analyse complète de différents facteurs génétiques et épigénétiques chez l’enfant porteur de trisomie 21.
Enfin, le Dr Cécile Cieuta-Walti, qui a exercé entre 2013 et 2019 comme neuropédiatre à l’Institut, est de retour depuis novembre 2022, en tant que Directeur de Recherche en Neurologie Pédiatrie, et aura pour mission la conception de nouvelles études chez l’enfant. Une bonne nouvelle pour la recherche !
Pour le jeune adulte, le projet ICOD, auquel collabore l’Institut, devrait donner lieu à une étude clinique en 2023. Ce projet vise à développer une nouvelle entité chimique améliorant les capacités cognitives.
La recherche contre la maladie d’Alzheimer se poursuit elle aussi. Un nouveau projet du consortium Horizon 21, étudiant l’impact de cette maladie sur le sommeil, va démarrer en France en 2023. Par ailleurs, plusieurs résultats et publications sont attendus sur les projets de recherche du consortium.
Enfin, l’entrepôt de données, plateforme rassemblant l’ensemble des données cliniques (issues de la consultation) et biologiques (issues du laboratoire) des patients suivis à l’Institut, sera opérationnel en 2023. Cet outil est précieux pour la recherche. Il permet une bonne visualisation et analyse des données (anonymisées*) et facilitera la compréhension de certaines singularités médicales. Des cohortes de patients pourront être constituées en quelques clics selon des critères précis, pour mener des analyses poussées. L’entrepôt de données permettra également de favoriser les collaborations avec d’autres chercheurs. Un nouvel atout pour la recherche donc, mais aussi pour le soin !
La recherche à l’Institut en quelques chiffres (en 2022)
- 52 nouveaux patients inclus dans des études cliniques, 287 au total
- 15 programmes de recherche en cours
- 3 consortiums européens
- 1 420 nouvelles ressources biologiques au CRB-BioJeL, 20 000 au total
- 17 publications scientifiques
Cet article est extrait de la lettre de l’Institut n°23, parue en janvier 2023