Maladie d’Alzheimer : des avancées majeures en 2023
Une grande étape a été franchie cette année dans la recherche contre la maladie d’Alzheimer, avec la publication de deux études de phase III positives avec des immunothérapies anti-amyloides Ces dernières ont déjà été approuvées par la FDA aux Etats-Unis (ou sont en instance de l’être), pour les patients au stade précoce de la maladie. C’est un véritable espoir pour l’ensemble des personnes qui souffrent de cette maladie.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 35,6 millions de personnes dans le monde sont touchées par la maladie d’Alzheimer. Jusqu’à maintenant, aucun traitement n’existait pour lutter contre cette pathologie neurodégénérative, bien que près de 200 études médicamenteuses soient en cours. Mais pour la première fois depuis 20 ans, trois essais thérapeutiques ont permis l’élaboration de médicaments montrant une amélioration de la cognition, tant et si bien que la Food and Drug Administration (FDA) a autorisé leur mise sur le marché aux Etats-Unis. Des demandes de mise à disposition sur le marché européen sont en cours d’étude par l’Agence Européenne des Médicaments (EMA).
Les études réalisées autour de ces médicaments montrent une amélioration de la cognition, modeste mais réelle, permettant de ralentir l’évolution de la maladie. A la différence d’un traitement qui s’attacherait à traiter les symptômes de la maladie, comme certains existants aujourd’hui, les molécules utilisées dans ces médicaments permettraient de modifier le cours de la maladie, en ciblant la protéine amyloïde. Cette dernière est considérée comme étant à l’origine de la maladie d’Alzheimer. Sa production est régulée par le gène APP, situé sur le chromosome 21, et provoque, en s’accumulant dans le cerveau, des lésions responsables de la maladie
Trisomie 21 et maladie d’Alzheimer
La présence d’un chromosome 21 surnuméraire chez les personnes porteuses de trisomie 21 induit une surexpression du gène APP et une surproduction de la protéine bêta-amyloïde. En résulte une plus grande prévalence de la maladie d’Alzheimer chez les personnes avec une trisomie 21, chez qui elle apparait en moyenne à l’âge de 55 ans. On estime qu’à 65 ans, plus de 80% d’entre elles sont touchées par cette maladie et c’est aujourd’hui la première cause de mortalité pour cette population.
A ce jour, les personnes porteuses de trisomie 21 n’ont pas encore accès aux nouveaux traitements car elles n’ont pas participé aux essais thérapeutiques. Pour autant, l’importance d’accélérer la mise à disposition de cette médication est prouvée par la prévalence de la maladie au sein de cette population. L’enjeu est donc de pouvoir rapidement développer des essais chez les personnes avec trisomie 21, notamment de tolérance et dans un second temps, de prévention secondaire.
« Chez les personnes porteuses de trisomie 21, nous savons repérer les signes précoces de la maladie, ce qui rendrait possible l’administration d’un traitement de manière préventive, avant l’apparition des premiers symptômes », explique le Dr Anne-Sophie Rebillat, gériatre à l’Institut Jérôme Lejeune et très impliquée dans les études cliniques autour du lien entre trisomie 21 et maladie d’Alzheimer. « L’objectif serait d’en bloquer l’évolution. C’est ce qu’on appelle de la prévention secondaire. »
L’Institut Jérôme Lejeune est engagé, aux côtés des nombreux centres de recherche internationaux, mais aussi aux côtés des patients et de leurs familles, pour permettre que des traitements sécurisés et efficaces puissent bientôt être proposés. « Nous avons rejoint un réseau de recherche, ACTC-DS (Alzheimer Clinical Trial Consortium for Down Syndrome), composé d’une vingtaine de centres de recherche américains et européens, avec lequel nous nous préparons à lancer cet essai clinique, ajoute le Dr Rebillat, nous sommes bien sûr volontaires pour être centre investigateur lorsque celle-ci pourra démarrer. »
Ces premiers traitements anti-amyloïdes sont porteurs de beaucoup d’espoir, bien qu’il faille rester prudent. Les essais qui se préparent dans la population avec trisomie 21 prendront nécessairement du temps, et il est imaginable qu’il faille investiguer davantage pour trouver les doses adaptées et efficaces chez ces personnes. Toutefois, la détermination des équipes médicales et scientifiques est à la hauteur de l’enjeu de ces recherches, et l’on peut espérer que les enfants naissant aujourd’hui avec une trisomie 21 bénéficieront de ces traitements.