Le syndrome de l’X Fragile
Le syndrome de l’X Fragile est une maladie héréditaire responsable d’une déficience intellectuelle de gravité variable, associée à des signes physiques particuliers et à des difficultés comportementales.
Le diagnostic :
→ Il est suspecté devant un enfant avec déficit intellectuel, trouble d’apprentissage ou autisme, surtout s’il s’agit d’un garçon, ou devant une histoire familiale évocatrice (déficit intellectuel chez plusieurs personnes, syndrome neurologique évocateur).
→ Il est confirmé par une étude de l’ADN en biologie moléculaire. Le résultat doit être rendu par un médecin généticien, qui donnera également un conseil génétique. La découverte d’une mutation ou prémutation chez un membre de la famille conduit en effet à proposer le diagnostic à d’autres membres de la famille pour donner un conseil génétique (risque d’avoir un enfant porteur du syndrome de l’X Fragile), s’ils le souhaitent. Cette information familiale est faite par la personne chez laquelle a été fait le diagnostic, afin de respecter le secret médical. Le diagnostic prénatal est possible ; il pose des questions complexes sur le plan éthique, puisqu’il n’existe pas de traitement curatif actuellement, et compte tenu de la variabilité d’expression de la maladie.
Les manifestations de la mutation complète
Elles sont variables selon les individus, y compris au sein d’une même famille.
Les principaux signes cliniques concernent le neurodéveloppement et les troubles du comportement :
- Le comportement peut être marqué par des troubles attentionnels et une hyperactivité, un retard de langage, des troubles autistiques, des colères et une anxiété importante. Ces troubles sont liés à une sensibilité accrue aux stimulations sensorielles (visuelles, auditives, tactiles). Il peut exister des troubles du sommeil et du comportement alimentaire.
- Sur le plan cognitif, 90 % des hommes et environ 30% des femmes ont une déficience intellectuelle, de gravité variable, souvent plus marquée chez les hommes que chez les femmes.
Environ 20% des patients peuvent avoir une épilepsie, nécessitant un traitement spécifique.
Les patients peuvent présenter d’autres signes cliniques ou problèmes médicaux comprenant une hyperlaxité ligamentaire pouvant favoriser des complications orthopédiques, des otites fréquentes pouvant retentir sur l’audition, des problèmes ophtalmologiques, cardiaques (insuffisance mitrale), digestifs (reflux gastro-œsophagien, constipation), ou des apnées du sommeil.
Il existe des traits morphologiques caractéristiques qui n’apparaissent souvent que chez le grand enfant et peuvent être absents : front large et haut, visage allongé, longue mandibule, grandes oreilles, macroorchidie (augmentation de la taille des testicules après la puberté). Le périmètre crânien augmenté (macrocéphalie) peut être associé à une avance dans la croissance.
Ainsi, les patients avec syndrome de l’X Fragile doivent bénéficier d’une prise en charge multidisciplinaire précoce et adaptée, associant des médecins (notamment pédiatre, généticien, pédopsychiatre, médecins d’adultes) et des professionnels paramédicaux (en psychomotricité, orthophonie, ergothérapie, éducateur spécialisé, etc.).
La scolarisation, l’intégration, et l’autonomie à l’âge adulte sont variables selon les individus et doivent être réévalués régulièrement. De façon générale, on peut dire que les enfants seront sécurisés par un environnement structuré, régulier, prévisible, et que les apprentissages sont favorisés par les supports visuels.
Il n’existe pas actuellement de traitement curatif, mais certains médicaments sont parfois utiles pour les troubles attentionnels et l’hyperactivité motrice, pour les troubles du comportement importants, ou pour les troubles du sommeil.
La recherche fondamentale continue pour mieux comprendre les mécanismes impliqués dans cette maladie. Il existe des pistes thérapeutiques intéressantes (agonistes GABA, antagonistes mGluR5), avec des essais thérapeutiques qui sont effectués chez des patients mais dont les résultats n’ont pas pu encore montrer d’efficacité.
Le nom de la maladie vient de l’aspect au microscope des chromosomes X des patients atteints : le chromosome X présente comme une fragilité à l’une de ses extrémités.
La maladie a été décrite dans les années 1970, mais le gène et la cause moléculaire sous-jacente n’ont été identifiés qu’en 1991 par l’équipe du Pr Jean Louis Mandel à Strasbourg (Oberle, I., et al. « Instability of a 550-base pair DNA segment and abnormal methylation in fragile X syndrome. » Science (1991)).
Elle touche environ 1 garçon sur 4000, 1 fille sur 7000 (ce chiffre est sous-estimé chez les filles du fait des manifestations plus légères).
Il est important que les patients avec syndrome de l’X Fragile et leur famille puissent bénéficier d’un accompagnement global comprenant des soignants, des associations de familles de patients et du soutien de personnes et de structures adaptées pour soutenir l’accompagnement de ces familles mais aussi pour aider à l’avancée de la recherche, et pour une meilleure prise en charge du patient.